« La ligne nouvelle Paris Normandie est un projet, aujourd’hui chiffré à plus ou moins six milliards d’euros dont, dans le contexte financier national actuel, on ne connaît clairement pas le devenir. Mais si notre préférence va à la modernisation et à la réutilisation de la ligne actuelle, nous ne pouvons pas rester absents du débat. Il faut être stratégique et faire en sorte, si le projet voit le jour, que le territoire eurois ne regarde pas juste passer les trains ».
Le vice-président du Département, Frédéric Duché résume assez clairement les enjeux autour de la ligne nouvelle Paris Normandie autour de laquelle les élus ont eu à débattre lundi lors de la session plénière.
Vigilance sur le foncier agricole
Dubitatifs sur son utilité au regard de l’investissement et circonspects sur sa concrétisation, les élus eurois ont souhaité néanmoins opter pour une position commune et un double impératif : accueillir cette ligne nouvelle si elle doit voir le jour et ne pas la subir.
Le premier point de vigilance concerne l’impact du projet sur le foncier agricole. Un tracé neuf pourrait dévorer 280 hectares de terres dans l’Eure. Les élus eurois souhaitent en diviser l’impact par deux en réutilisant une partie de l’existant sans réduire, de façon significative, les temps de parcours théoriques.
« Nous ne sommes pas des enfants. On sait qu’il faut parfois savoir faire des sacrifices pour l’intérêt général. Mais le passage en force n’est jamais une bonne chose », prévient le premier vice-président du Département, Jean-Paul Legendre.
Chargée des questions agricoles, Marie-Christine Join-Lambert va dans le même sens. « Les agriculteurs ne sont pas des opposants systématiques. Mais pour cette ligne, on parle quand même d’une consommation de dix hectares de terre au kilomètre. C’est énorme ».
Une seule nouvelle gare possible dans l'Eure : Evreux Nétreville
L’autre attente forte de l’Eure concerne les infrastructures qui pourraient accompagner cette ligne nouvelle. La voir traverser, au prix fort, l’Eure sans en tirer le moindre avantage serait le pire des scénarios.
L’idée est donc d’imposer à la SNCF une gare d’agglomérations plutôt qu’une gare de plein champ comme évoqué actuellement. Cette gare serait facteur de développement pour le territoire, avec des garanties de bonne connexion avec et entre les grandes agglomérations euroises.
Les études réalisées par un cabinet spécialisé mandaté par le Département suggère une implantation qui fait consensus dans l’Eure : Evreux Nétreville qui présente beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients et qui, de plus, n’est finalement pas plus chère si l’on tient compte des aménagements complémentaires qui doivent entourer cet équipement.
C’est cette option que les conseillers départementaux mais aussi plus largement, les élus du territoire souhaitent porter et imposer aux décideurs de la SNCF. Avec encore une fois un horizon de financement et donc une échelle de temps qui est loin d’être définitif.